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Les forces de l'ordre déployées à Marseille après la mort de Nahel, le 1er juillet 2023. © Clement Mahoudeau, AFP
Le patron de la police avait estimé dimanche qu'un policier n'avait "pas sa place en prison avant un éventuel procès". Frédéric Veaux réagissait au placement en détention provisoire d'un agent de la BAC de Marseille dans le cadre d'une enquête sur des violences policières. Une sortie qui a suscité lundi l'indignation d'une partie de la classe politique et poussé Emmanuel Macron à réagir.
Le soutien du directeur général de la police à la mobilisation contre l'incarcération d'un agent de la BAC de Marseille dans le cadre d'une enquête sur des violences policières a suscité lundi 24 juillet l'indignation des magistrats et de la classe politique, poussant l'exécutif à réagir.
Depuis la Nouvelle-Calédonie, le président Emmanuel Macron s'est refusé à commenter les propos du patron de la police. Il a cependant dit comprendre "l'émotion" des policiers, avant de lâcher : "nul en République n'est au-dessus de la loi".
Des propos "scandaleux" et "gravissimes" : les syndicats de magistrats n'ont pas mâché leurs mots en réaction aux déclarations la veille du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, souhaitant la libération d'un policier de la BAC de Marseille incarcéré dans le cadre d'une enquête sur des violences policières commises en marge des émeutes début juillet.
Ce policier est soupçonné d'avoir roué de coups un homme de 21 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet. Il conteste son placement en détention provisoire et son appel sera examiné le 3 août, a annoncé la cour d'appel d'Aix-en-Provence rappelant au passage le principe de séparation des pouvoirs.
"Avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail", avait dit dimanche Frédéric Veaux dans un entretien au Parisien, ajoutant : "le savoir en prison m'empêche de dormir".
Un autre très haut cadre, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez et ex-préfet de police des Bouches-du-Rhône, a dit "partage(r) les propos du DGPN".
Lever de bouclier des magistrats
Face à ces déclarations, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), garant de l'indépendance de la justice, a tenu à faire une "mise au point" rappelant que la justice est "seule légitime pour décider du placement ou non en détention provisoire des personnes qui lui sont présentées".
"Le DGPN, sous la tutelle du ministre de l'Intérieur, fait pression sur l'autorité judiciaire dans une affaire individuelle. Gravissime", a tweeté de son côté le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche). L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) souligne de son côté dans un communiqué que "réclamer une Justice d'exception au bénéfice des policiers est contraire au principe constitutionnel d'égalité devant la loi, cela ne sert que des intérêts partisans et abime la nécessaire confiance mutuelle entre deux institutions complémentaires".
Pour le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, "la justice doit poursuivre son travail dans la sérénité et en toute indépendance". "C'est une condition indispensable au respect de l'État de droit, qui est le fondement de notre démocratie", a-t-il tweeté. L'indignation a gagné la classe politique, notamment les rangs de la Nupes.
Le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a appelé sur son blog "au respect des institutions républicaines les policiers entrés en sécession factieuse". Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a demandé une réunion du parlement "en urgence".
Côté majorité, le député Karl Olive s'est dit "interpellé" par le fait que le policier soit incarcéré, estimant qu'il ne s'agit pas "d'un voyou", avant de rappeler l'importance de la "séparation des pouvoirs". Dans l'entourage de Gérald Darmanin, on assurait que "le ministre a une très grande confiance dans son DG".
Un nouvelle enquête ouverte à Marseille
Le policier placé en détention fait partie d'un groupe de quatre fonctionnaires de la brigade anticriminalité (Bac) mis en examen pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours.
Le parquet de Marseille a annoncé lundi l'ouverture d'une nouvelle enquête concernant des faits présumés de violences policières dans la nuit du 30 juin au 1er juillet à la suite d'une plainte déposée par un jeune homme, sans détailler le nombre de fonctionnaires de police concernés.
Pour protester contre l'incarcération de leur collègue, des policiers à Marseille et sa région ont eu recours à des arrêts maladie ou se sont mis en "code 562", jargon policier qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles.
Les syndicats assurent que le mouvement touche plusieurs régions de France mais sans donner de chiffre précis sur la mobilisation. Fabrice Danel, secrétaire zonal unité SGP police dans le Nord, affirme que le mouvement est "suivi". "La colère est là mais les collègues ne se lancent pas", a souligné auprès de l'AFP une source syndicale à Bordeaux.
Source: France24
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