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Un guide pratique destiné à aider les proches de victimes de féminicides va bientôt paraître. (Fédération nationale des victimes de féminicides)
Seuls 30% des proches des victimes ont été accompagnés par une association en 2022. Pourtant, dans 57% des cas, les enfants sont au domicile au moment des faits, selon la Fédération France Victimes.
Actions de justice suite au décès, autopsie du corps, accès au domicile de la défunte ou encore aide psychologique pour les proches et les enfants : les familles des victimes de féminicides sont souvent démunies et isolées après le drame. Les chiffres le prouvent, puisque seulement 30% des proches de victimes de féminicides ont été accompagnées par une association en 2022, selon une étude dévoilée le vendredi 8 mars par franceinfo. La Fédération nationale des victimes de féminicides (FNVF) a créé en novembre dernier un guide pratique, disponible en ligne pour la région Bretagne, à la fois pour aider les proches dans leurs démarches et améliorer l'accueil des familles par les professionnels (policiers, médecins, gendarmes...). Cette démarche va être étendue dans toute la France, puisqu'une version nationale sera disponible dans les prochains mois, téléchargeable sur internet et diffusée à des professionnels. Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides, a travaillé sur ce guide depuis 2021. Elle explique cette démarche à franceinfo, après avoir été elle-même confrontée à la mort de sa sœur, Bénédicte Belair, en 2017. Elle rappelle sans relâche l'importance "de proposer l'aide dont les familles ont réellement besoin" et "de mettre les moyens financiers" pour arrêter le décompte morbide des féminicides. franceinfo : Qui aura accès à ce guide ? Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides : Tout d'abord, il y aura un lien sur le site internet de la préfecture de chaque région et j'ai rendez-vous le 21 mars pour une distribution auprès de la police nationale. Les gendarmes en disposeront également. Ce guide est la version nationale d'un guide qui existe déjà pour la région Bretagne, sur lequel nous avons travaillé bénévolement et collectivement pendant deux ans avec l'aide de l'agence rennaise de communication Concept Image. La page de couverture a été validée par les familles accompagnées par la FNVF. Il part des besoins que nous avons analysé grâce à notre travail de terrain à la FNVF, et c'est le premier du genre en Europe. Ce qui est important après l'annonce du décès, c'est de proposer l'aide dont les familles ont réellement besoin. Par exemple, des associations dédiées aux violences conjugales ne vont pas pouvoir les aider à ce moment-là car c'est trop tard malheureusement. Notre objectif est que ce guide puisse être entre les mains des premières personnes que voient les familles lorsqu'elles apprennent la mort de leur parente. Ce sont donc les policiers ou les médecins. Néanmoins, il faut savoir que certaines familles apprennent la mort de la femme par voie de presse. Ce guide permet ainsi de gagner du temps, une ressource précieuse pour les familles à ce moment-là ? En effet, un des problèmes est le délai moyen pour qu'un parquet puisse saisir le réseau France Victime qui peut accompagner les familles. Ce délai est entre trois semaines à un mois après le décès, c'est beaucoup trop long selon nous. "C'est pour cela que le guide existe : il permet de créer du lien et d'apporter immédiatement des informations aux familles pour les orienter vers les institutions existantes." Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides à franceinfo Ce guide est une réponse immédiate mais il est aussi une ressource sur le long terme. Malheureusement, chaque famille n'arrive pas toute de suite après le décès et il faut répondre à leurs besoins également. Certaines familles sont toujours en instruction, deux ou trois ans après le décès. Elles peuvent avoir besoin de changer d'avocat ou rencontrer un problème par rapport à la garde des enfants ou à la succession. Que demandez-vous aux pouvoirs publics ? J'ai beaucoup à dire, surtout depuis le début de l'année 2024 ! À la FNVF, car cela fait partie de notre travail aussi, nous avons recensé depuis le début de l'année 26 féminicides conjugaux et 14 femmes mortes dans la sphère conjugale. C'est absolument assourdissant. Et le silence concernant le nombre de féminicide, c'est du jamais vu depuis le début de l'année. Nous disons qu'il faut surtout travailler sur l'écoute des victimes et leur prise en charge. Il faut les protéger. Par exemple, si le développement des "téléphones grave danger" est une bonne mesure, bien souvent, l'auteur des violences, lui, n'est pas équipé d'un bracelet antirapprochement. Cela veut dire que c'est sur la victime que l'on fait reposer sa protection. Nous demandons que les auteurs de violences conjugales qui ont été condamnés à du sursis par exemple, puissent porter systématiquement un bracelet antirapprochement. On sait aujourd'hui que c'est avec l'accord de l'auteur que le bracelet est porté. Pour autant, le parquet a les moyens de placer l'auteur en détention s'il refuse. Nous demandons une formation obligatoire pour les policiers car elle est aujourd’hui sur la base du volontariat pour les policiers déjà en poste. Aussi, nous pensons que les magistrats ont besoin d'être davantage formés à la notion de contrôle coercitif par exemple. L'enjeu, ce sont aussi les moyens financiers mis en œuvre par les pouvoirs publics ? Il est certain que tant que l'on n'aura pas de moyens financiers suffisants, on ne pourra pas y arriver. Même avec toutes les bonnes volontés mises en œuvre, au bout d'un moment, il y a des gens qu'il faut rémunérer, notamment les intervenants sociaux qui sont essentiels. Si on prend l'exemple d'une victime de féminicide en février : une voisine contacte les forces de l'ordre pour des faits de violences, les policiers arrivent en pleine nuit mais ne constatent pas de blessures et la femme ne dit rien. Sauf que quelques heures plus tard, après le départ des policiers, elle a été tuée par son conjoint. Pour éviter cela, on demande que des intervenants sociaux puissent accompagner systématiquement les policiers en intervention car on sait que c'est compliqué pour les forces de l'ordre. Source: Franceinfo
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