Politique
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Emmanuel Macron et Elisabeth Borne lors des cérémonies du 8 mai 2023. (MICHEL EULER / POOL)
Lors du Conseil des ministres, le président de la République a estimé qu'on "ne combat pas l'extrême droite avec les mots des années 90".
C'est un recadrage qui embarasse la majorité et provoque un satisfecit au Rassemblement national. Mardi 30 mai, lors du Conseil des ministres, Emmanuel Macron a affirmé qu'il ne fallait pas combattre l'extrême droite par "des arguments moraux" . "On ne combat pas l'extrême droite avec les mots des années 90", a poursuivi le chef de l'État. Des mots adressés à Élisabeth Borne, quelques jours après la phrase de la Première ministre sur Radio J, qui estimait que le Rassemblement national était "l'héritier de Pétain".
La gêne était donc palpable mardi après-midi chez les cadres de la majorité. Faut-il rappeler les origines du RN comme la Première ministre ou bien s'agit-il d'arguments éculés comme le dit le président ? La patronne des députés Renaissance, Aurore Bergé, a tenté le "en même temps". "Qu'il y ait une filiation historique, je ne crois pas que le président de la République le conteste, assure la députée des Yvelines. La question, c'est comment, concrètement, sur nos territoires, nous sommes au rendez-vous, efficaces pour démontrer que notre politique peut faire en sorte qu'on n'ait pas besoin d'avoir recours demain ou après demain à l'extrême droite."
Mais derrière ce très diplomatique "en même temps", un clivage renaît au sein de la majorité, symptomatique d’une majorité en désaccord stratégique qui a tendance à mettre sur le même plan La France insoumise et Rassemblement national.
"Il a peut être dans son rôle de président envie de calmer le jeu. Mais je ne crois pas qu'il faille calmer le jeu avec le Rassemblement national." Erwan Balanant, député MoDem du Finistère à franceinfo
Côté aile gauche, on applaudit les propos d'Élisabeth Borne. Le député du MoDem Erwan Balanant s'interroge même sur la sortie d'Emmanuel Macron. Mais d'autres assument clairement leur soutien au locataire de l'Élysée, à l'image du député d'Eure-et-Loir Guillaume Kasbarian. "Les gens aujourd'hui attendent non pas des rappels historiques, mais appellent un combat d'idées, un combat idéologique et un combat sur les propositions concrètes, affirme le député Renaissance. Et concrètement, ils attendent qu'on leur dise en quoi les propositions du RN ne sont pas bonnes et en quoi les nôtres sont meilleures."
Le RN savoure, la gauche compte les points
Au Rassemblement national, on se réjouit de la sortie du président de la République. D’abord parce que tout ce qui peut affaiblir Élisabeth Borne est bon à prendre pour les troupes de Marine Le Pen. Ensuite parce que certains y voient une forme d’aboutissement de la stratégie de dédiabolisation. "Je suis ravi de voir qu'Emmanuel Macron a enfin compris qu'il fallait parler des vraies idées", se félicite le député RN de l'Eure Kévin Mauvieux."Que tout le monde se mette au travail pour les Français et qu'on mette fin aux task forces anti-RN qui, au lieu de travailler pour les Français, travaillent pour la politique", poursuit-il.
Il ne faut pas compter sur la gauche pour venir en aide à Élisabeth Borne. Le chef des insoumis, Manuel Bompard, renvoie aujourd'hui dos à dos le président et sa Première ministre.
"Emmanuel Macron aurait pu recadrer Mme Borne le jour où elle a dit qu'elle considérait que La France insoumise, la Nupes qui sont l'opposition républicaine, étaient plus dangereuses que le RN." Manuel Bompard, chef de file des Insoumis à franceinfo
"Pour le reste, je combats le Rassemblement national, ajoute le député LFI des Bouches-du-Rhône. Il cherche à se présenter en permanence comme étant le parti politique qui défend les intérêts des catégories populaires, alors qu'en réalité, il fait l'inverse. À chaque fois que nous avons fait des propositions pour l'augmentation du SMIC, pour le gel des loyers, pour le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune, les députés RN ont voté contre." Des exemples concrets plus que des exemples historiques dans les mots de Manuel Bompard, preuve qu’à gauche aussi on cherche la bonne recette pour enfin déjouer le Rassemblement national.
Source: Franceinfo
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