Politique
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Minute de silence à l'Assemblée nationale, après l'attaque au couteau à Annecy, jeudi 8 juin 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Pour les députés de droite et d'extrême droite, l'émotion a vite laissé la place à des prises de position sur le thème de l'immigration.
L'horreur, l'effroi et le soutien aux victimes. Ce sont les premières réactions de la classe politique après l'attaque au couteau perpétrée jeudi 8 juin au matin à Annecy. A l'Assemblée Nationale, l'hémicycle, transformé en chaudron autour des derniers débats sur la réforme des retraites, s'est refroidi d'un coup.
Une minute de silence a été observée avant midi et les réactions politiques ont ensuite parfois tourné à la récupération. Finalement, celle qui se tient le plus en retrait de la mêlée des réactions, c'est Marine Le Pen, la patronne du Rassemblement national à l'Assemblée. Elle s'est contentée d'un tweet où elle fait part de son "effroi" et de "l'horreur ressentie". Une prudence et une discrétion qui participent bien sûr de sa stratégie bien connue maintenant de normalisation. Mais cela, c'était sans compter sur ses porte-flingue qui ne se sont pas gênés pour réagir, quitte à la déborder. "On en crève de cette immigration", tweetait dès ce matin le député RN du Gard Nicolas Meizonnet.
Même langage, même tonalité pour la députée du Var Laure Lavalette. "Arrivent sur notre sol des gens qui n'ont rien à y faire. Que ce soit des terroristes ou que ce soit des fous en cavale, il n'empêche que nous n'avons les moyens de nous occuper ni des uns ni des autres. Donc il faut évidemment reprendre en main cette politique migratoire. Ça pose la question de l'espace Schengen parce que, a priori, il avait fait une demande d'asile en Suède ou en Norvège, je ne sais plus. En tout cas, il n'avait rien à faire sur le sol français." Des gens qui n'ont "rien à faire" sur le sol français, répète donc cette très proche de Marine Le Pen. À ceci près que, selon les premiers éléments de l'enquête, l'assaillant présumé était en situation régulière. Originaire de Syrie, un pays en guerre, il avait obtenu le statut de réfugié en Suède. Certes, sa demande d'asile en France a été déclarée sans suite, mais conformément au droit européen, il avait la totale liberté de circuler dans l'espace Schengen.
"Ce profil ne laisse pas indifférent"
Et puis la droite s'est aussi engouffré dans la brèche de la récupération très rapidement. Et peut être un peu trop rapidement. L'un des tout premiers à réagir ce matin, salle des Quatre-Colonnes à l'Assemblée nationale, c'était le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, qui, lui non plus, ne mâche pas ses mots quant au profil du suspect. "Ce profil, naturellement, et l'enquête le confirmera ou pas, ne laisse pas indifférent. Il a un profil issu d'une immigration qui aujourd'hui doit ouvrir un débat majeur sur notre capacité de choisir qui nous ne voulons pas et qui nous voulons accueillir sur notre territoire. Aujourd'hui, nous subissons une situation, il faut reprendre le cours de notre destin."
Eric Ciotti parle même à notre micro de sa volonté de voir réagir tous ceux qui "veulent sauver notre civilisation". Réaction rapide, uultrarapide d'Eric Ciotti. Dans la foulée, on apprend que le suspect présumé se déclare chrétien et l'on découvre qu'il a crié deux fois "Au nom de Jésus-Christ" avant d'attaquer des enfants jeudi matin à Annecy. Un président du parti Les Républicains probablement rattrapé en coulisses par l'agacement des élus locaux de son propre camp, à l'image du sénateur LR de Haute-Savoie Cyril Pellevat, qui a réclamé ce matin sur franceinfo un délai de décence. "Je trouve que c'est un petit peu prématuré parce qu'aujourd'hui, on est vraiment dans l'attente, déjà, d'avoir des bonnes nouvelles sur l'état de santé des victimes. On attend aussi d'avoir les résultats des auditions qui vont être menées avec l'assaillant. Mais je pense qu'aujourd'hui, il faut attendre d'avoir les éléments complets. Les services de renseignement et autres font leur travail."
Pour la petite histoire, Eric Ciotti avait prévu une conférence de presse cet après-midi à 15h30, avant de finalement tout annuler quelques minutes auparavant.
Le contexte du débat sur l'immigration
C'est dans un contexte politique très particulier que survient cette attaque. Un contexte dans lequel le débat sur l'immigration est en train de prendre le relais du débat sur les retraites, à l'initiative de l'Elysée, puisque c'est Emmanuel Macron lui-même qui a demandé à son gouvernement de remettre le couvert avant l'été. Un projet de loi a déjà été présenté début février. Il entendait notamment créer des titres de séjour pour les métiers en tension. La droite s'y est toujours opposée, craignant ce qu'elle appelle des "pompes aspirantes" ou des "appels d'air". Les Républicains ont même fait monter les enchères récemment, en parallèle des négociations avec le gouvernement. Ils ont déposé deux propositions de loi. Ils proposent pêle-mêle de remplacer l'AME, l'aide médicale d'Etat, par une aide médicale d'urgence, mais qui serait bien plus limitée. Ils veulent rétablir le délit de séjour irrégulier et la double peine pour pouvoir expulser les étrangers condamnés au pénal.
L'homme arrêté à Annecy était non seulement en règle, mais n'avait jamais eu affaire de près ou de loin à la justice.
Source: Franceinfo
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