Attachement anxieux : comment savoir si j’en souffre et quel impact sur le couple ?

Chaque être humain vit les relations humaines à sa manière. D’après le psychologue John Bowiby, quatre styles d’attachement nous distinguent : l’attachement secure, l’attachement évitant, l’attachement craintif-évitant et l’attachement anxieux. Ce dernier se caractérise par une peur de l’abandon et une certaine proximité avec l’autre pour apaiser son anxiété. En effet, des études ont prouvé que les adultes qui en souffrent ont généralement une faible estime d’eux-mêmes, une insatisfaction relationnelle plus élevée et connaissent beaucoup de conflits. Lorsque l’on en souffre, comment réagir et préserver son couple ? Laetitia Bluteau, psychologue clinicienne et thérapeute, nous guide.

L’attachement anxieux, du berceau à la vie d’adulte Pour comprendre d’où vient l’attachement anxieux, il faut revenir aux premières années d’une vie et aux liens entretenus avec les parents. "C’est un mode relationnel qui se met en place dans un contexte particulier dans lequel la figure d’attachement principale a de l’anxiété, de la difficulté à se séparer de son enfant et de le laisser explorer", explique Laetitia Bluteau. Certains ont en effet du mal à laisser leur progéniture partir, les garde près d’eux et les utilisent comme une source de réconfort. Cette anxiété de l’attachement est donc apprise par le bébé au fil de sa vie.

En grandissant, cet attachement se déclinera en schémas de pensée. "Par exemple, si ma mère est très anxieuse, que j’ai un petit rhume et que cela prend des proportions incroyables, je vais avoir de l’anxiété qui va se créer et cela va imprégner la façon avec laquelle je ressens la maladie", détaille la psychologue. Dans le détail, l’attachement anxieux se caractérise par une problématique autour de l’exploration et de la dépendance : la personne concernée a le sentiment qu’elle ne peut pas se débrouiller seule. Elle devient dépendante de l’attention, des conseils et du temps que les autres vont lui donner.

Attachement anxieux : quels effets sur le couple ?

Au sein du couple, cet attachement se traduit rapidement dans la relation par un doute qui s’installe par rapport à la fiabilité de l’autre. "La personne ne va pas croire ce que l’autre lui dit, va imaginer qu’il ou elle lui ment, qu’il se passe des choses dont elle n’a pas connaissance", énumère notre experte. Et certaines d’entre elles peuvent être conflictuelles ou auront besoin de beaucoup discuter. Si avoir une relation n’est pas simple, vivre avec un attachement anxieux complique davantage la situation. Cette anxiété est déclenchée d’une façon irrationnelle, mais l’histoire de la personne concernée se réactive et celle-ci interprétera des signaux comme étant dangereux. "Une femme ayant un attachement anxieux qui voit son homme partir en week-end avec des amis risque d’imaginer des choses et d’envenimer la situation, car cela va déclencher du stress chez elle lié à sa propre histoire", prend en exemple Laetitia Bluteau.

Cet état de stress est permanent, si ce n’est éprouvant. Sur le long terme, il est donc difficile de vivre avec. Ce sont des personnes qui sont terrorisées que l’on se moque d’elles, qu’elles soient délaissées ou qu’elles n’aient plus de valeur, et cette valeur dépend du regard de l’autre. "L’une des difficultés majeures est d’être en hypervigilance par rapport à son environnement et au comportement de son partenaire. On essaie de lire les signes pour anticiper le danger", ajoute l’experte.

Les démarches à entreprendre pour gérer son attachement anxieux

S’il peut devenir un poison, l’attachement anxieux n’est pas nécessairement une fatalité, et dispose même d’un remède. D’après Laetitia Bluteau, de nombreux couples vivent dans cette situation et parviennent à trouver l’équilibre. "Tout dépend de l’intensité : si c’est une chose qui amène beaucoup de souffrance et de difficulté à communiquer, c’est important de consulter pour comprendre pourquoi le couple s’est formé et pour revenir sur l’amour que chacun se porte", indique la psychologue.

Mais aucun changement ne peut être initié sans une certaine introspection. Il convient de faire le point sur comment on fonctionne, de savoir si on exprime clairement ses besoins et de comprendre d’où vient cet attachement anxieux. L’auto-observation est importante. Il est primordial de prendre la responsabilité de son mode de fonctionnement et de ses besoins : ce n’est en effet pas la mission des autres de nous sauver ou de nous soigner. "On a la responsabilité de ce que l’on ressent et de faire en sorte que cela soit verbalisé de façon claire et distincte", affirme Laetitia Bluteau. "Car, dans cet attachement, les besoins n’ont pas très bien été pris en compte durant l’enfance, donc le mode de communication risque d’être dans l’accusation", ajoute-t-elle. Au cours d'une conversation avec l'autre, il serait peut-être judicieux d’opter pour une approche différente, telle que : "Je ne veux pas te contrôler, mais avec mon histoire, ne pas avoir de tes nouvelles la journée me met en état de stress".

Dans tous les cas, il s’agit d’un apprentissage progressif qui nécessite un certain investissement personnel et une honnêteté sincère envers soi-même. Toutefois, notre experte insiste : "Il ne faut pas dramatiser, ce n’est pas une maladie ou une identité, c’est une façon avec laquelle on a grandi et une façon de se protéger de l’adversité qu’on a intériorisée". Il est toujours possible de s'en défaire.

Source: Femme Actuelle